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ODES

Ceux qui souffrent pour toi, tu les plaindras peut-être ;
Et les douleurs que tu fais naître
Ont-elles moins le droit d’intéresser ton cœur ?

Troie, antique honneur de l’Asie,
Vit le prince expirant des guerriers de Mysie
D’un vainqueur généreux éprouver les bienfaits.
D’Achille désarmé la main amie et sûre
Toucha sa mortelle blessure,
Et soulagea les maux qu’elle-même avait faits.

À tous les instants rappelée,
Ta vue apaise ainsi l’âme qu’elle a troublée.
Fanny, pour moi ta vue est la clarté des cieux,
Vivre est te regarder, et t’aimer, te le dire ;
Et quand tu daignes me sourire,
Le lit de Vénus même est sans prix à mes yeux.


VIII[1]

VERSAILLES[2]


 
Ô Versaille, ô bois, ô portiques,
Marbres vivants, berceaux antiques,
Par les dieux et les rois Élysée embelli,
À ton aspect, dans ma pensée,
Comme sur l’herbe aride une fraîche rosée,
Coule un peu de calme et d’oubli.

  1. Édition 1819.
  2. Titre donné par le premier éditeur.