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ODES

VII[1]

À FANNY MALADE[2]


Quelquefois un souffle rapide
Obscurcit un moment sous sa vapeur humide
L’or, qui reprend soudain sa brillante couleur :
Ainsi du Sirius, ô jeune bien-aimée !
Un moment l’haleine enflammée
De ta beauté vermeille a fatigué la fleur.

De quel tendre et léger nuage
Un peu de pâleur douce, épars sur ton visage,
Enveloppa tes traits calmes et languissants !
Quel regard, quel sourire, à peine sur ta couche
Entr’ouvraient tes yeux et ta bouche !
Et que de miel coulait de tes faibles accents !

Oh ! qu’une belle est plus à craindre,
Alors qu’elle gémit, alors qu’on peut la plaindre,
Qu’on s’alarme pour elle. Ah ! s’il était des cœurs,
Fanny, que ton éclat eût trouvés insensibles,
Ils ne resteraient point paisibles
Près de ton front voilé de ces douces langueurs.

  1. Édition 1819.
  2. Titre donné par le premier éditeur.