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« Celui-ci, dirait-elle, à qui je fus bien chère,
Fut content de mourir, en songeant que ta mère
N’aurait point à pleurer sur toi. »


IV[1]

À FANNY[2]


Non, de tous les amants les regards, les soupirs
Ne sont point des piéges perfides.
Non, à tromper des cœurs délicats et timides,
Tous ne mettent point leurs plaisirs.
Toujours la feinte mensongère
Ne farde point de pleurs, vains enfants des désirs,
Une insidieuse prière.

Non, avec votre image, artifice et détour
Fanny, n’habitent point une âme :
Des yeux pleins de vos traits, sont à vous. Nulle femme
Ne leur paraît digne d’amour.
Ah ! la pâle fleur de Clytie
Ne voit au ciel qu’un astre ; et l’absence du jour
Flétrit sa tête appesantie.

Des lèvres d’une belle un seul mot échappé,
Blesse d’une trace profonde
Le cœur d’un malheureux qui ne voit qu’elle au monde.

  1. Édition 1819.
  2. Le titre est de la main du premier éditeur.