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V[1]

À LA PAUVRETÉ


Tu as le regard noble et fier… tu as une âme tendre et sensible… tu partages ton pain avec un autre indigent… Couverte de haillons poudreux et troués, tu es belleet respectable… tu ne gémis point… tu gardes le silence… tu n’accuses point les dieux… Assise sur de la paille ou sur un fumier, tu es heureuse et tranquille… tu chantes… ta conscience pure fait reluire dans tes traits un calme sublime et ne trace aucun crime sur ton front… Tu ne reçois de bienfaits que des amis que tu estimes… Sur ton grabat, d’un regard tranquille et fier tu repousses bien loin le richard et son dédain stupide ou ses dons insolents… tu méprises la richesse infâme et qui trouble l’âme de remords. .. tu es toujours libre…

Ajouter à la pauvreté :

C’est toi qui au nombre des trois cents Fabiens… toi qui rougis de sang carthaginois les flots de Sicile… toi qui dans Sparte, toi qui dans l’Helvétie…


VI[2]

AU TEMPS


(Ne point parler de sa faux, ni de tous ces autres emblèmes antiques… tâcher d’en inventer de nouveaux.) Tu révèles les crimes cachés, tu fais connaître l’innocence…

  1. Édition de G. de Chénier.
  2. Édition de G. de Chénier.