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Romans, berceau des lois, vous, Grenoble et Valence,
Vienne ; toutes enfin ! monts sacrés d’où la France
Vit naître le soleil avec la liberté !
Un jour le voyageur par le Rhône emporté,
Arrêtant l’aviron dans la main de son guide,
En silence et debout sur sa barque rapide,
Fixant vers l’orient un œil religieux,
Contemplera longtemps ces sommets glorieux ;
Car son vieux père, ému de transports magnanimes,
Lui dira : « Vois, mon fils, vois ces augustes cimes. »



III[1]

LA FRANCE LIBRE


1791

Entre l’Océan, les Alpes et les Pyrénées, j’ai vu une femme (la France) malade, languissante… mais à travers cet état de langueur, on découvrait ce qu’elle aurait été.

Quelques grands hommes sont éclairés, mais la nation est encore barbare… tel un arbre né sur un terrain fangeux a beau pousser vers le ciel des rameaux magnifiques… ses racines ne s’en plaisent pas moins à s’enfoncer dans la fange…


Mais qui est-ce qui avance de si folles maximes ? — Est-ce l’Hôpital…

  1. Édition de G. de Chénier.