Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

N’ont point connu ce baume ami de la nature,
Qui des cœurs ulcérés assoupit la blessure.


....................
Et du pôle endurci les immenses glaçons.
Cybèle s’épouvante, et sur ces noirs rivages,
Tremble aux vastes clameurs des baleines sauvages.


Vois dans les champs de Thrace un coursier échappé ;
De quel frémissement tout son corps est frappé,
Sitôt que dans les airs une trace semée
A porté jusqu’à lui l’odeur accoutumée.
Le fouet vengeur alors et la voix et le frein
.....veulent s’armer en vain.
....................
Au travers des écueils, des rocs, des précipices,
Rien ne l’arrête, il vole ; au delà des vallons,
Et des vastes forêts, et des fleuves profonds,
Et des lacs tortueux qui pressent les montagnes,
Son cri fait tressaillir ses superbes compagnes.
Il arrive ; il les voit ; avec grâce à leurs yeux
Il déploie, en courant, ses pas harmonieux.
....................
....................
L’éclair part de ses yeux d’amour étincelants ;
Une chaude vapeur s’exhale de ses flancs ;
De ses naseaux ouverts il respire la flamme.
....................