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Dans leur ton uniforme, en leur vaine splendeur.
Haletants pour atteindre une fausse grandeur,
Tristes comme leur ciel toujours ceint de nuages,
Enflés comme la mer qui frappe leurs rivages
Et sombres et pesants comme l’air nébuleux
Que leur île farouche épaissit autour d’eux,
D’un génie étranger détracteurs ridicules
Et d’eux-même et d’eux seuls admirateurs crédules,
Et certes quelquefois, dans leurs écrits nombreux.
Dignes d’être admirés par d’autres que par eux[1].


Le beau siècle des Grecs n’est pas celui d’Alexandre… Leurs triomphes dans les lettres sont du même temps que leurs victoires pour la liberté… Toutes les îles… le Péloponèse… étaient pleins de poètes lyriques… Thespis parut… Alors la comédie… la tragédie… (les peindre allégoriquement). Les Perses viennent… Thémistocle… Minerve sur les remparts de sa ville chérie secoua sa redoutable égide… le Sunium trembla… elle secoua sa lance, elle lança la foudre… Xersès s’en retourna… son char (faire allusion au songe de sa mère dans Eschyle[2]… Sophocle, Phydias, etc… Salut, divine contrée où l’on a vu ensemble ce que l’on n’a point vu depuis et ce que peut-être on ne verra plus… les arts, la puissance et la liberté réunis ensemble.

Quoique les pays du Nord aient eu de très-beaux génies, il semble que les pieds délicats des muses aient peine à s’accoutumer à marcher sur tels et tels sommets.


Tiré de Pindare dans Quintilien

Il ne ramasse point l’eau qui tombe des cieux,
Quand l’automne tarit leur trésor pluvieux ;

  1. Ce fragment avait paru dans la Revue de Paris, 1830.
  2. Les Perses, v. 176 et suiv.