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Mais, comme vous, ce que plus je regrette,
Mes chers amis, c’est qu’en ce temps béni,
À tout moment des filles toutes nues,
Pour se couvrir n’ayant que leurs cheveux,
De pleurs amers inondant leurs beaux yeux,
De tous les bois peuplaient les avenues.


II[1]

ÉPIGRAMME


Ce gros Seiffer, dont les yeux, dont la voix,
Respirent sang, rage, audace et bassesse.
N’est si balourd que son grossier patois.
Du dur vandale admirez la finesse !…
Pour mieux remplir son emploi d’assassin,
Il a, de plus, étant jà médecin.
De patriote acquis brevets et bulles.
Par là, dit-il, nul ne peut m’échapper,
Malade ou sain. Mes poignards vont frapper
Tous ceux qu’auraient épargnés mes pilules[2].

  1. Édition G. de Chénier.
  2. L’auteur n’a laissé qu’une épigramme contre Seiffer, Saxon d’origine, qui fut médecin de la princesse de Lamballe et ensuite du prince Philippe d’Orléans. À la révolution, cet homme devint un des plus furieux énergumènes de la démagogie et faisait partie de la section de la Montagne siégeant à la butte des Moulins. Cependant, dénoncé par un nommé Doucet, il fut arrêté le 16 brumaire au II ; incarcéré au Luxembourg, puis transféré à la Conciergerie le 1er prairial an II ; mis en jugement le lendemain, 2, et acquitté. Il fut ra-