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Ils voudraient, après eux, seuls remplir la mémoire ;
Éteindre en expirant le germe de la gloire ;
Emporter avec eux arts, muses et lauriers,
Comme au jour de leur mort, cadavres meurtriers,
Des monarques d’Asie, en leurs tombes jalouses,
Entraînent avec eux tout leur peuple d’épouses,
De peur qu’un autre hymen, prompt à les engager,
Les fit mères encore en un fit étranger.
Ainsi, tel qui, souvent aveugle à se connaître,
D’injustice envers lui nous accuse peut-être,
Vit et meurt justement à lui-même réduit,
Seul, loin du monde entier qui le loue et le fuit.
C’est se faire à soi-même un bien cruel martyre !
Leur cœur, leur intérêt ne pourraient-ils leur dire
Qu’il est bon de savoir, par d’illustres écrits,
Disputer dans les arts et remporter des prix,
Mais qu’il faudrait encor s’appliquer à bien vivre ;
Être grand dans son âme et non pas dans un livre ;
D’une égale amitié savoir chérir les nœuds ;
Laisser à ses amis, en mourant auprès d’eux.
Par de douces vertus, meilleures que la gloire.
Les larmes, les regrets d’une longue mémoire ?


Il faut mettre deux vers pour commencer et attacher ce morceau à celui des cyclopes littéraires.

Ce commencement est :

Ô retraite, ô mon cabinet, ô… toi qui consoles, toi qui… salut…


Ah ! j’atteste les cieux que j’ai voulu le croire
J’ai voulu démentir et mes yeux et l’histoire.
Mais non ! Il n’est pas vrai que des cœurs excellents