Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

glaces du Nord des cerveaux brûlants… magnétisme… martinisme… Swedenboerg… Gagliostro…[1].

Mais j’entends celui-ci m’objecter : Mais Dieu ne peut-il pas ?… Dieu ne peut pas ce qui… Tu fais de plats systèmes… Tu crois peut-être que Dieu fera des miracles pour t’empêcher d’avoir été un sot…


....................
..........Thaumaturge imbécile
....................
Sois absurde, ignorant, quadrupède à ton gré.
....................
....................
........et qui fait des miracles
N’aura que mes mépris et mon inimitié ;
Qui les croit et les aime excite ma pitié.


L’avide charlatan peut tout ce qu’il veut… Il suffit qu’il ait la vogue. Alors, sans esprit, sans idée… Si même il écorche le français, cela n’en vaut que mieux… Le capable auditeur qui se croit du génie voit du génie aussi dans…


Il trouve, il reconnaît mille sens au lieu d’un
Dans cet amas de mots qui n’en forment aucun.

Et de ce noir chaos plus la nuit est grossière,
Plus son œil trouble et louche y croit voir de lumière.


Je ne veux point sur eux, toutefois, invoquer les châtiments…

Ne scutica dignum horrible sectere flagella[2].
  1. Le poète a répété ici les deux fragments, l’un de six, l’autre de quatre vers, qui commencent l’épître à M. Bailly. Voy. p. 18.
  2. Horace, satire iii du premier livre, v. 119.