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Herminie aux forêts révélant ses blessures ;
Les grottes, de Médor confidentes parjures ;
Et les ruses d’Armide, et l’amoureux repos
Où, sur des lits de fleurs, languissent les héros ;
Et le myrte vivant aux bocages d’Alcine.
Les Grâces dont les soins ont élevé Racine
Aiment à répéter ses écrits enchanteurs,
Tendres comme leurs yeux, doux comme leurs faveurs.
Belles, ces chants divins sent nés pour votre bouche.
La lyre de Le Brun qui vous plaît et vous touche,
Tantôt de l’élégie exhale les soupirs,
Tantôt au lit d’amour éveille les plaisirs.
Suivez de sa Psyché la gloire et les alarmes ;
Elle-même voulut qu’il célébrât ses charmes,
Qu’amour vînt pour l’entendre ; et dans ces chants heureux
Il la trouva plus belle et redoubla ses feux.
Mon berceau n’a point vu luire un même génie :
Ma Lycoris pourtant ne sera point bannie.
Comme eux, aux traits d’amour j’abandonnai mon cœur,
Et mon vers a peut-être aussi quelque douceur.


LA SUPERSTITION.


Il faut faire, et le plus tôt possible, un poème sur la superstition. Environ cent cinquante vers.

Notre siècle n’a pas tant à se glorifier… Il semble que tous les hommes soient destinés à être superstitieux… Chaque siècle l’est à sa manière… détailler cela… Il y a maintenant en Europe un germe de fanatisme… Dans les