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Voir d’Herbelot au mot Lalch qui signifie une tulipe. (D’Herbelot, Bibliothèque orientale, 4 vol. in-1°.)


Offrons tout ce qu’on doit d’encens, d’honneurs suprêmes
Aux dieux, à la beauté plus divine qu’eux-mêmes.
Puisse aux vallons d’Hémus, où les rocs et les bois
Admirèrent d’Orphée et suivirent la voix,
L’Hèbre ne m’avoir pas en vain donné naissance !
Les muses avec moi vont connaître Byzance ;
Et si le ciel se prête à mes efforts heureux,
De la Grèce oubliée enfant plus généreux,
Sur ses rives jadis si noblement fécondes,
Du Permesse égaré je ramène les ondes.
Pour la première fois de sa honte étonné.
Le farouche turban, jaloux et consterné,
D’un sérail oppresseur, noir séjour des alarmes,
Entendra nos accents et l’amour et vos charmes.
C’est là, non loin des flots dont l’amère rigueur
Osa ravir Sestos au nocturne nageur,
Qu’en des jardins chéris des eaux et du zéphyre.
Pour vous, rayonnant d’or, de jaspe, de porphyre.
Un temple par mes mains doit s’élever un jour.
Sous vos lois j’y rassemble une superbe cour
Où de tous les climats brillent toutes les belles :
Elles règnent sur tout et vous régnez sur elles.
Là des filles d’Indus l’essaim noble et pompeux,
Les vierges de Tamise, au cœur tendre, aux yeux bleus.
De Tibre et d’Éridan les flatteuses sirènes,
Et du blond Eurotas les touchantes Hélènes,
Et celles de Colchos, jeune et riche trésor,
Plus beau que la toison étincelante d’or,