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La belle nonchalante à l’ombre se promène ;
Que sa bouche entr’ouverte et que sa pure haleine,
Et son sein plus ému de tendresse et de vœux,
Appellent le baiser et respirent ses feux ;
Que l’amant peut venir, et qu’il n’a plus à craindre
La raison qui mollit et commence à le plaindre ;
Que sur tout son visage, ardente et jeune fleur,
Se répand un sourire insensible et rêveur ;
Que son cou faible et lent ne soutient plus sa tête ;
Que ses yeux, dans sa course incertaine et muette,
Sous leur longue paupière à peine ouverte au jour
Languissent mollement et sont noyés d’amour[1].


Sur l’oreiller d’amour tous deux.


Mais surtout sans les yeux quels plaisirs sont parfaits ?
Laissez, près d’une couche ainsi voluptueuse,
Veiller, discret témoin, la cire lumineuse,
Elle a tout vu la nuit, elle a tout épié ;
Dès que le jour paraît, elle a tout oublié[2].


À la fin du morceau de Prêtée :


Et tu verras ainsi contre tes fers agiles.
Se briser ses efforts et ses ruses fragiles.


  1. Ce morceau a paru dans l’édition de 1833.
  2. M. G. de Chénier a placé ces cinq vers a la fin de l’élégie sur la Lampe. Voy. t. I, p. 248.