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Cet air humble et soumis de n’oser s’approcher,
D’avoir peur de ses yeux et de t’aller cacher,
Et de mille autres jeux l’inévitable adresse,
De mille mots plaisants l’aimable gentillesse,
Enfin tous ces détours dont le charme ingénu
Fait éclater un rire à peine retenu.
Il t’embrasse, il te tient, plus que jamais il t’aime ;
C’est ton tour maintenant de le bouder lui-même.
Loin de s’en effrayer, il rit, et mes secrets
L’ont instruit des moyens de ramener la paix[1].
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Sache inventer pour lui mille tendres folies.
Il faut, en le grondant, le serrer dans tes bras ;
Lui dire, en le baisant, que tu ne l’aimes pas ;
Et les reproches feints, la colère badine ;
Et des mots caressants la mollesse enfantine ;
Et de mille baisers l’implacable fureur.
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Souvent d’un peu d’humeur, d’un moment de caprice
(Toute belle a les siens) il ressent l’injustice ;
Il se désole, il crie, il est trompé, trahi ;
Tu ne mérites pas un amant tel que lui ;
Il a le cœur si bon ! Sa sottise est extrême.
Il te hait, te maudit ; — plus que jamais il t’aime.
Crains que l’ennui fatal dans son cœur introduit
Puisse compter les pas de l’heure qui s’enfuit.
Il est pour la tromper un aimable artifice ;

  1. Ce morceau se trouve dans l’édition de 1819.