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Puis lui jette des fleurs, s’accoutume à le voir,
Le touche, et sur son flanc ose bientôt s’asseoir[1].


λάθρια πηλείδαο φιλάματα, λάθριον εὐνάν.
(Bion de Smyrne.)


Et les baisers secrets et les lits clandestins.


Si d’un mot échappé l’outrageuse rudesse
A pu blesser l’amour et sa délicatesse,
Immobile il gémit, songe à tout expier.
Sans honte, sans réserve, il faut s’humilier
Tombe même à genoux, bien loin de te défendre ;
Tu le verras soudain plus amoureux, plus tendre,
Courir et t’arrêter, et lui-même à genoux
Accuser en pleurant son injuste courroux.
Mais souvent malgré toi, sans fiel ni sans injure,
Ta bouche d’un trait vif aiguise sa piqûre ;
Le trait vole, tu veux le rappeler en vain
Ton amant consterné dévore son chagrin.
Ou bien d’un dur refus l’inflexible constance
De ses feux tout un jour a trompé l’espérance ;
Il boude ; un peu d’aigreur, un mot même douteux
Peut tourner la querelle en débat sérieux.
Oh ! trop heureuse alors si, pour fuir cet orage,
Les Grâces t’ont donné leur divin badinage ;

  1. André Chénier à traité plusieurs fois ce sujet. Voy. t. I, p. 76 et suivantes.