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Toi qui................
Qui fais la garde autour de nos villes sacrées.


Hier tu pouvais tout et m’osas offenser ;
Tu n’es rien, je puis tout, et choisis la clémence.
Faible et pauvre j’allais, pour punir ton offense,
Soulever terre et ciel, quel qu’en fût le danger ;
Mais j’aime à pardonner quand je puis me venger.


Annibal avant la bataille du Tesin ouvre avec une pierre la tête de l’agneau qu’il immolait, et prie Jupiter de l’écraser de même s’il ne tient à ses soldats ce qu’il leur a promis (à imiter[1]).

Je voudrais imaginer des actions et des épisodes tragiques et grands et prouvant de grandes choses morales qui pussent être citées et vivre dans la mémoire des hommes, comme ce qui nous est resté des anciens. Je voudrais imiter la fin de l’Œdipe de Sophocle…

On pourrait feindre qu’un jeune homme aurait été se distinguer en Amérique, déshérité par son père qui, se repentant, le chercherait en Amérique. Le fils sans le connaître tuerait son père et épouserait sa mère… Cela découvert, il dirait à ses enfants avant de se tuer.


Venez, fils de l’inceste..........
Imprimez-vous bien mon visage........
Venez, venez, enfants. Vous tremblez, vous fuyez.
Venez, regardez-moi. Ces traits que vous voyez,
Ce sont ceux d’un méchant, d’un traître, d’un perfide,
D’un fils incestueux et d’un fils parricide… !

  1. Tite-Live, liv. XXII, ch. xlv.