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Il ne peut qu’il ne fasse telle ou telle chose… tournure antique de notre langue et qu’il faut employer.

Il faut employer le mot exorable.

Rendu plus exorable.

Que la richesse des États est l’agriculture. Appliquer à cela la fable d’Erysichton et répéter ce que j’aurai dit in γεωπον.[1].

Il faut décrire cette imagination ardente et primitive d’un peuple sauvage. Qu’est-ce qui les épouvante le plus ? ce sont nos canons…

Ils pourront, dans leurs assemblées, dire, en parlant de la religion qu’on leur prêche :

Le Dieu des Castillans aux cent bouches d’airain, et les Castillans eux-mêmes :

Ces enfants du tonnerre.

Les assauts enflammés tonnant sur les murailles ou sur les remparts.

Peindre quelque part d’une manière intéressante un pèlerinage… des bois… des eaux…

Comme Homère fait la généalogie du sceptre (Iliad., liv. I), il faut que quelque belle Espagnole ait donné à son amant un bijou… une croix… un tel de ses ancêtres l’apporta de Jérusalem, etc.. (plusieurs détails de ce genre.)

« Et entre les mains des dames ne se voyait que morions et armets, auxquels elles attachaient des bernaches de diverses couleurs, sayes et cottes d’armes qu’elles enrichissaient d’ouvrages. » Plut. Philop.[2]

Il faut peindre ce tableau-là et ne pas oublier quelqu’un de ces accidents intéressants, comme une belle armure brodée par quelque belle et bientôt enlevée à celui qui la porte et devenue la proie d’un ennemi.

  1. C’est-à-dire en parlant de l’agriculture, γεωπονία. (Voy. devant page 85.)
  2. Plutarque, Vie de Philopémènes, traduction d’Amyot.