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Le calme suit leurs pas et s’étend sur la mer.


La tempête en feu, ardente… cette côte infâme de naufrages.


Tous les vents à la fois assemblant les orages
Sur sa faible nacelle ameutent les naufrages.


 
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Magellan, fils du Tage, et Drake et Bougainville
Et l’Anglais dont Neptune aux plus lointains climats
Reconnaissait la voile et respectait les pas.
Le Cancer sous les feux de son brûlant tropique
L’attire entre l’Asie et la vaste Amérique,
En des ports où jadis il entra le premier.
Là l’insulaire ardent, jadis hospitalier,
L’environne : il périt. Sa grande âme indignée,
Sur les flots, son domaine, à jamais promenée,
D’ouragans ténébreux bat le sinistre bord
Où son nom, ses vertus, n’ont point fléchi la mort[1].
J’accuserai les vents et cette mer jalouse
Qui retient, qui peut-être a ravi La Pérouse.
Il partit. L’amitié, les sciences, l’amour
Et la gloire française imploraient son retour.
Six ans sont écoulés sans que la renommée

    est abandonnée. Sa nouveauté pourrait déplaire dans une petite pièce de cent vers : mais je pense qu’on peut la jeter avec succès dans un poème de douze mille vers. (Note de l’auteur).

  1. Ces onze premiers vers ont été publiés dans l’édition des Poésies donnée par M. Becq de Fouquières en 1862. Les vingt-six vers suivants avaient paru dans l’édition de 1819.