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tous ses amis… et en même temps tout apprendre, tout lire :


Tout voir, aller partout, tout savoir et tout dire.


HISTOIRE.


Il faut tâcher d’inventer quelque chose dans le goût du boucher d’Achille et d’Énée[1], pour y représenter les points cardinaux de l’histoire du monde, les empires naissants et détruits depuis les origines du nord jusqu’à l’empire romain.

Puis mettre dans la bouche de quelqu’un un tableau rapide et vigoureux de l’histoire moderne à dater de la destruction de l’empire romain. Les invasions des barbares du Nord, la faiblesse de l’empire grec. La puissance et les cruautés des barbares. La destruction des sciences. Le gouvernement féodal. L’esclavage. La naissance du mahométisme. L’empire des califes. L’invasion d’Espagne par les Maures. L’Angleterre et son avenir. Les croisades. Les villes hanséatiques. Gènes, Venise, Florence. L’irruption des Turcs. La découverte du passage aux Indes. La chute de l’empire grec (l’histoire de l’Église a été mêlée dans tout cela). Les réformations de plusieurs sectes et puis de Luther. Les révolutions politiques et religieuses dans le nord, etc.

Puis, en prédictions différentes, tout ce qui s’est passé depuis l’action du poème jusqu’à nos jours. — Puis éparpiller dans le poème, aux occasions qui naîtront en foule, des traits historiques sur l’invention des choses attribuée à telle ou telle ville, sur les usages de tel ou tel peuple, etc.

Dans ce poème où je veux mettre le tableau frappant et rapide de toute l’histoire du monde, je n’oublierai pas les

  1. Homère, Illiad. liv. XVIII, v. 478 et suiv. — Virg. Énéid. liv. VIII, V. 626 et suiv.