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me laissera plus de place pour les détails historiques et géographiques sur tous ces pays, Phénicie, Judée, Damas, Mésopotamie.

La grâce mignarde et affectée des filles de Babylone, la mollesse et l’impudicité de leurs fêtes, feront un beau contraste avec les mœurs et la physionomie de Suzanne.

— Lorsque Suzanne voudra descendre, la nuit, dans ses jardins, deux de ses femmes lui mettront aux pieds une chaussure qu’il faudra peindre. Ce sera comme des pantoufles.

Mais quand elle voudra se baigner, il faudra peindre la chaussure que ses femmes lui ôteront et qui ne sera point la même, et peindre aussi tous ses vêtements, à mesure qu’elles l’en dépouilleront.

— Pendant que les infâmes vieillards délibèrent entre eux avant d’aller parler à Suzanne, le même ange qui écrivit les trois mots de Balthazar vient tout à coup leur graver sur la muraille le tableau de quelque scélérat calomniateur puni dans l’Écriture. Ils regardent, ils restent muets ; leurs cheveux se dressent sur leurs têtes, puis ils se regardent l’un l’autre, rougissent, chacun des deux tremblant que l’autre ne se soit douté de ce qui se passait en lui, et sans se rien communiquer ils continuent à ourdir la trame d’adultère ou de calomnie, et sortent pour aller parler à Suzanne.

On peut couvrir les murailles de Suzanne de tapisseries chargées de belles histoires juives.

Parler de ce fameux temple ou tour de Bel[1], et de cet escalier qui tournait huit fois, — V. Hérodote et Rollin, t. 2, — et des jardins de Sémiramis et de tout ce qu’il y avait à Babylone. La statue échevelée de Sémiramis. — Sardanapale et son épitaphe.

  1. Hérodote, liv. I, dit qu’il y avait au milieu du temple de Bel (διὸς Βήλου une tour composée de huit tours superposées.