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Il faut que tout un peuple se perfectionne et s’éclaire pour produire un individu plus parfait et plus éclairé.


Le fisc insatiable engloutit les fortunes ;
Les lois...............
Leurs décrets sont la toile où l’avide Arachné
Arrête un faible insecte au passage enchaîné.
Un insecte plus fort, bravant son stratagème,
Vole, brise sa trame, et l’emporte elle-même.
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Tels des insectes vils, la nuit, sortent sans nombre
Des retraites du bois d’un lit muet et sombre.
Et sur l’homme endormi, sur ses bras, sur son flanc.
Rampent, courent en foule, et lui sucent le sang.


Imprudent et malheureux l’État où il se fait différentes associations, différents corps dont les membres, en y entrant, prennent un esprit et des intérêts différents de l’esprit et de l’intérêt général. Heureux le pays où il n’y a d’autre association que l’État, d’autre corps que la patrie, d’autre intérêt que le bien commun ; où toutes les institutions rapprochent les hommes, sans qu’aucune les divise ; où chaque citoyen, à la fois sujet et souverain, portant tour à tour la balance des lois, l’encensoir et l’épée, ne transmet à ses enfants que l’exemple d’être citoyen[1].


… Comme celui qui va s’endormir… il a déjà la tête sur son oreiller, il va s’endormir ; une foule de pensers

  1. Vient ensuite la comparaison suivante, qui se rattache à un morceau que l’auteur ayant alors dans l’esprit et qu’il n’a point écrit.
    (G. de Chénier.)