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VIII



De ne point se quitter que nous n’eussions des lois
Qui nous feraient libres et justes.
Tout un peuple, inondant jusqu’aux faites des toits,
De larmes, de silence, ou de confuses voix
Applaudissait ces vœux augustes.
Ô jour ! jour triomphant ! jour saint ! jour immortel !
Jour le plus beau qu’ait fait luire le ciel
Depuis qu’au fier Clovis Bellone fut propice !
Ô soleil, ton char étonné
S’arrêta. Du sommet de ton brûlant solstice[1]
Tu contemplais ce divin sacrifice !
Ô jour de splendeur couronné !
Tu verras nos neveux, superbes de ta gloire,
Vers toi d’un œil religieux
Remonter au loin dans l’histoire.
Ton lustre impérissable, honneur de leurs aïeux,
Du dernier avenir ira percer les ombres.
Moins belle la comète aux longs crins radieux
Enflamme les nuits les plus sombres.


IX



Que faisaient cependant les sénats séparés ?
Le front ceint d’un vaste plumage,
Ou de mitres, de croix, d’hermines décorés,
Que tentaient-ils d’efforts pour demeurer sacrés ?
Pour arrêter le noble ouvrage ?

  1. Le serment du Jeu de paume eut lin le 20 juin, jour du solstice d'été.