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Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat.
Leur voix est pure et tendre, et leur âme innocente,
Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante.
L’une a dit à sa sœur : — Ma sœur.....

(Ma sœur, en un tel lieu, croissent l’orge et le millet…)

L’autour et l’oiseleur, ennemis de nos jours,
De ce réduit peut-être ignorent les détours ;
Viens…....

(Je te choisirai moi-même les graines que tu aimes, et mon bec s’entrelacera dans le tien.)

....................
L’autre a dit à sa sœur : Ma sœur, une fontaine
Coule dans ce bosquet.......

(L’oie ni le canard n’en ont jamais souillé les eaux, ni leurs cris… Viens, nous y trouverons une boisson pure, et nous y baignerons notre tête et nos ailes, et mon bec ira polir ton plumage. — Elles vont, elles se promènent en roucoulant au bord de l’eau ; elles boivent, se baignent, mangent ; puis, sur un rameau, leurs becs s’entrelacent : elles se polissent leur plumage l’une à l’autre.)

Le voyageur, passant en ces fraîches campagnes,
Dit[1] : Ô les beaux oiseaux ! ô les belles compagnes !
Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ;
Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux,

  1. Ce voyageur est-il le même que le berger du commencement ? ou entre-t-il comme personnage dans la chanson du berger ? Je le croirais plutôt, mais ce n’est pas bien clair.