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nouveau l’œuvre de Ronsard[1]. Les Analecta de Brunck, qui avaient paru en 1776, et qui contiennent toute la fleur grecque en ce qu’elle a d’exquis, de simple, même de mignard ou de sauvage, devinrent la lecture la plus habituelle d’André ; c’était son livre de chevet et son bréviaire. C’est de là qu’il a tiré sa jolie épigramme traduite d’Évenus de Paros :

Fille de Pandion, ô jeune Athénienne, etc.[2] ;

et cette autre épigramme d’Anyté :

Ô sauterelle, à toi rossignol des fougères, etc.[3]

qu’il imite en même temps d’Argentarius. La petite épitaphe qui commence par ce vers :

Bergers, vous dont ici la chèvre vagabonde, etc.[4]

est traduite de Léonidas de Tarente. En comparant et en suivant de près ce qu’il rend avec fidélité, ce qu’il élude, ce qu’il rachète, on voit combien il était pénétré de ces grâces. Ses papiers sont couverts de projets d’imitations semblables. En lisant une épigramme de Platon sur l’an qui joue de la flûte, il en remarque le dernier vers où il est question des Nym-

  1. M. Patin, dans sa leçon d’ouverture publiée le 16 décembre 1838 Bévue de Paris), a rapproché exactement la tentative de Chénier de l’œuvre d’Horace chez les Latins.
  2. Page 85.
  3. Page 100.
  4. Page 84.