Et ces sourcils hideux, et ces plaintes amères,
De leur âge chagrin lugubres appareils.
Lycoris, les amours ont un plus doux langage :
Jouissons ; être heureux, c’est sans doute être sage.
Vois les soleils mourir au vaste sein des eaux ;
Thétis donne la vie à des soleils nouveaux,
Qui mourront dans son sein, et renaîtront encore ;
Pour nous, un autre sort est écrit chez les dieux ;
Nous n’avons qu’un seul jour ; et ce jour précieux
S’éteint dans une nuit qui n’aura point d’aurore.
Vivons, ma Lycoris, elle vient à grands pas
Et dès demain peut-être elle nous environne ;
Profitons du moment que le destin nous donne,
Ce moment qui s’envole, et qui ne revient pas.
Vivons, tout nous le dit ; vivons, l’heure nous presse ;
Les roses, dont l’Amour pare notre jeunesse,
Seront autant de biens dérobés au trépas.
LXXXII[1]
ÉLÉGIE ITALIENNE[2]
Ô délices d’amour, et toi, molle paresse,
Vous aurez donc usé mon oisive jeunesse !