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J’aurais trouvé sans peine au carquois de l’Iambe,
Son vers âpre et guerrier teint du sang de Lycambe ;


Mais, quoiqu’il soit aussi permis de se défendre qu’il est injuste d’attaquer…



LXXXI.[1]


Comm. (commencement.)

L’Élégie est venue me trouver (la peindre). Eh bien ! m’a-t-elle dit, m’as-tu abandonnée ? attends-tu que tu sois vieux pour faire Ἔλεγους ? je n’aime point ceux qui me courtisent trop vieux… Il faut être jeune pour rire, pour pleurer, se fâcher, s’apaiser, pour aimer, pour vanter nos charmantes folies.


L’emploi de la vieillesse est plus sage et plus beau ;
Mais on rit qu’une muse, hélas ! près du tombeau,
Ceignant son front glacé de guirlandes fanées,
Sous le rouge et le fard déguisant ses années,
D’une tremblante voix chante encor le printemps.
On rit quand, opprimé sous le fardeau des ans.
Vieux amant, vieux chanteur, un poète ose peindre
Des douceurs qu’il n’a plus et qu’il ne peut que feindre.
Et d’une voix fardée et d’un vers doucereux
Nous conte en cheveux blancs ses exploits amoureux.
Un vieillard n’aime plus. Il n’est, dans sa tendresse[2],

  1. Éd. G. de Chénier. M. G. de Chénier a fait de ces deux morceaux la première des élégies italiennes. Il a voulu sans doute mettre sous le même signe cette élégie contre la vieillesse, et la suivante qui la contredit. Mais celle-ci n’a rien d’italien. Il convient, selon nous, de s’en tenir strictement aux indications de l’auteur.
  2. L’auteur avait passé un trait en diagonale sur ce vers et les cinq qui le suivent pour indiquer que son intention était de les refaire ou de les supprimer.