Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’autour de toi mes bras soient encore attachés,
Que tes yeux sur les miens soient encore penchés,
Que ta bouche se joigne à ma bouche expirante,
Que je tienne ta main dans ma main défaillante !


Nunc et amara dies, et noctis amarior umbra :
Omnia nunc tristi tempora felle madent.
Tibul., lib. II, El. iv, vers. 11.


Il faut traduire ou imiter ces beaux vers de mon Tibulle :


......Le jour est amer à mon cœur ;

La nuit vient et plus triste et plus amère encore.
Tout meurt autour de moi du fiel qui me dévore.


ou littéralement :


Chaque instant de ma vie est abreuvé d’absinthe.

Le doux éclat du jour est amer à mon cœur.
La nuit vient et plus triste et plus amère encore.
Tout meurt autour de moi du fiel qui me dévore.


ou littéralement, ce qui est dur :


Chaque instant est trempé du fiel qui me dévore.


Et tinctus viola pallor amantum,
Hor[1].


La pâle violette, emblème de l’amour.

Et la fleur de l’amour, la pâle violette.

La douce violette attirait tous ses vœux ;
C’est la fleur des amants, elle est pâle comme eux.

  1. Liv. III. ode x.