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En des nuages d’or mollement suspendus,
Emplissent l’air des sons de leur voix éthérée.
Ô lac, fils des torrents ! ô Thun, onde sacrée !
Salut, monts chevelus, verts et sombres remparts
Qui contenez ses flots pressés de toutes parts !
Salut, de la nature admirables caprices,
Où les bois, les cités, pendent en précipices !
Je veux, je veux courir sur vos sommets touffus ;
Je veux, jouet errant de vos sentiers confus,
Foulant de vos rochers la mousse insidieuse,
Suivre de mes chevreaux la trace hasardeuse ;
Et toi, grotte escarpée et voisine des cieux,
Qui d’un ami des saints fus l’asile pieux,
Voûte obscure où s’étend et chemine en silence
L’eau qui de roc en roc bientôt fuit et s’élance,
Ah ! sous tes murs, sans doute, un cœur trop agité
Retrouvera la joie et la tranquillité !


XXXIX[1]


D’Ovide, livre II[2].

 
Oh ! puisse le ciseau qui doit trancher mes jours
Sur le sein d’une belle en arrêter le cours !
Qu’au milieu des langueurs, au milieu des délices,
Achevant de Vénus les plus doux sacrifices,
Mon âme, sans efforts, sans douleurs, sans combats,
Se dégage et s’envole, et ne le sente pas !

  1. Édition 1833.
  2. Livre II, Amorum, élégie x.