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XXVIII[1]

A. M***.


De l’art de Pyrgotèle[2] élève ingénieux,
Dont, à l’aide du tour, le fer industrieux
Aux veines des cailloux du Gange ou de Syrie
Sait confier les traits de la jeune Marie,
Grave sur l’améthyste ou l’onyx étoile
Ce que d’elle aujourd’hui les dieux m’ont révélé.

Souvent, lorsqu’aux transports mon âme s’abandonne,
L’harmonieux démon descend et m’environne,
Chante ; et ses ailes d’or, agitant mes cheveux,
Rafraîchissent mon front qui bouillonne de feux.
Il m’a dit ta naissance, ô jeune Florentine[3] !
C’est vous, nymphes d’Arno, qui des bras de Lucine
Vîntes la recueillir, et vos riants berceaux
L’endormirent au bruit de l’onde et des roseaux ;
Et Phébus, du Cancer hôte ardent et rapide,
Ne pouvait point la voir, dans cette grotte humide.
Sous des piliers de nacre entourés de jasmin,
Reposer sur un lit de pervenche et de thym.

  1. Édition 1819.
  2. Pyrgotèle, graveur célèbre, qui vivait du temps d’Alexandre.
  3. C’est, très-vraisemblablement, cette milady Cosway, dont il a été question (bucoliques, n° xlvi) : d’Arno la filia, aurea lira cuit die il Febo toscan, etc. V. p. 113.