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De tout cet univers interrogeant la voix,
J’irai de la nature étudier les lois :
Par quelle main sur soi la terre suspendue
Voit mugir autour d’elle Amphitrite étendue ;
[Quel Titan foudroyé respire avec effort]
[Des cavernes d’Etna la ruine et la mort ;][1]
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Si d’un axe brûlant le soleil nous éclaire ;
Ou si roi, dans le centre, entouré de lumière,
À des mondes sans nombre, en leurs cercles roulants.
Il verse autour de lui ses regards opulents ;
Comment à son flambeau Diane assujettie
Brille, de ses bienfaits chaque mois agrandie ;
Si l’ourse au sein des flots craint d’aller se plonger ;
Quel signe sur la mer conduit le passager,
Quand sa patrie absente et longtemps appelée
Lui fait tenter l’Euripe et les flots de Malce,
Et quel, de l’abondance heureux avant-coureur,
Arme d’un aiguillon la main du laboureur.
Souvent, dès que le jour chassera les étoiles,
Aux hôtes des forêts j’irai tendre des toiles ;
Sur les beaux fruits du Gange en nos bords transplantés,
Des dieux de nos jardins appeler les bontés ;
Lier à ses ormeaux la vigne paresseuse ;
Voir à quelles moissons quelle terre est heureuse ;
Aux vergers altérés conduire les ruisseaux ;

  1. Quatre vers perdus.