Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’une, agitant le thyrse environné de lierre.
Vole, frappe le roc ; soudain le roc frappé
Lance un torrent liquide à grand bruit échappé.
Son pied presse le sol ; et, sous sa plante humide,
Le vin bouillonne, fuit, gronde en fleuve rapide.
Ses doigts vont creuser l’herbe, un lait pur sous ses doigts
Les blanchit, blanchit l’herbe et la tige des bois.
L’autre fait de son thyrse, entre ses mains vermeilles.
Couler à flots dorés le nectar des abeilles.


Peindre l’Hyménée croceo velatus amictu, conduisant une jeune fille… ses vêtements… ses beaux yeux baissés vers la terre sous leur paupière noire et longue (ce peut être un jeune amant qui la menacera de la mettre dans cet état, et sans lui répondre elle s’en alla en riant et en rougissant).


....................
Et sur ses blonds cheveux, en couronne brillante
Mêler la rose blanche et la rose sanglante
Que les dieux du Liban virent naître jadis
Des larmes de Vénus et du sang d’Adonis.


En les voyant, un homme dira :

« Qui sont ces belles, si ce sont des mortelles ? ou bien ne sont-ce point des déesses, tant elles ont de grâce à porter tels et tels riches habits ? »


« Eh quoi donc, étranger, tu ne les connais pas ?
Ce sont elles, ce sont les filles de Dryas. »