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allant, je me cachai et la regardai… elle se croyait seule et je vis qu’elle soupirait et baisait une écharpe qui lui couvrait le sein. Pourquoi la baisait-elle ? à quoi bon caresser une écharpe insensible ? — Adieu, Mysis, adieu, je ne puis m’arrêter… demain, je te donnerai des fruits et tout ce que tu me demanderas… » Le jeune Lycas s’éloigne à ces mots… Il traverse à grands pas la prairie et va trouver Chloé palpitant de joie ; car l’écharpe qu’elle avait baisée était un don qu’elle tenait de lui.



LXXXI[1]

LES SAISONS[2]


L’hiver sous ses frimas tient la terre enchaînée.
Le printemps les dissipe, et lui-même il s’enfuit.
L’été vient ; il s’écoule, et Pomone le suit ;
Et bientôt aux frimas ils ramènent l’année.

L’hiver vole et s’étend sur la contrée, et, à son passage, ses ailes humides, froides, glacées, sèchent et flétrissent l’herbe, les fleurs, etc…


Déjà l’hiver expire et Phœbus dans son cours
Partage également et les nuits et les jours.
Nos champs verront bientôt revenir l’hirondelle.
Que j’aime à contempler........
Ces arbres, nus encor, de nouveaux feux dorés,
Et des toits alentour les faîtes colorés !
Et là, cet humble toit, que des chaumes composent !

  1. Éd. G. de Chénier.
  2. C’est un titre que nous ajoutons pour relier ces fragments.