Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et Mme  Laurent Lecoulteux (cette dernière chantée par André sous le nom de Fanny).

Le 17 ventôse an II (7 mars 1794) André Chénier fut arrêté fortuitement. Un nommé Gennot, agent du Comité de sûreté générale, porteur d’un mandat d’arrêt contre M. Pastoret, se présenta chez Mme  Piscatory, la belle-mère de M. Pastoret, à Passy, à dix heures moins un quart du soir (M. Pastoret étant absent), y rencontra André Chénier et le mit en état d’arrestation comme suspect. Le lendemain, après interrogatoire, il fut conduit à la prison du Luxembourg, refusé par le concierge, ramené à Gennot qui le fit conduire à Saint-Lazare où il fut incarcéré. L’écrou est du 19 ventôse. André ayant été arrêté en vertu d’un ordre général, le Comité de sûreté générale fit confirmer et maintenir cette arrestation à la date du 7 (ou 18) prairial an II.

Pendant une détention qui dura quatre mois et vingt jours, André Chénier composa la Jeune captive, l’ode à son frère, et les iambes. Ces pièces parvenaient successivement à M. de Chénier père, cachées, paraît-il, dans le linge.

Dans les iambes, quelques mots étaient déguisés soit sous une forme grecque, soit d’autre façon, de crainte que ces vers ne tombassent entre les mains de ceux contre qui ils étaient dirigés.

Impliqué dans la fausse conspiration des prisons, il fut traduit devant le tribunal révolutionnaire, le 7 thermidor, condamné et exécuté le même jour, à l’âge de trente et un ans. Deux jours plus tard, le gouvernement des terroristes était renversé. L. M.