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Saint-Germain, Il voyage en Normandie, il est à Rouen le 12 septembre, puis au Havre. La réputation poétique d’André, quoiqu’il n’eût presque rien mis au jour, était déjà tellement répandue que Wieland, l’auteur d’Obéron, demandait à cette date des nouvelles de lui à une Française qui voyageait en Allemagne. On trouvera dans les œuvres en prose la lettre que le poète écrivit à ce sujet à M. Brodelet, le père de la voyageuse en question.

Lors du procès de Louis XVI, André aida-t-il Malesherbes dans la défense du roi, comme l’a dit Chateaubriand ? Y eut-il entre eux échange de vues sur le but à atteindre et sur les moyens à employer ? Cela est probable, si l’on se tient dans ces derniers termes, mais sans qu’il reste de preuves positives de son intervention. Il ressort des projets manuscrits trouvés dans ses papiers, qu’il conserva jusqu’au dernier moment l’espoir que l’Appel au peuple serait voté par l’Assemblée. Marie-Joseph Chénier vota, comme on sait, la mort du roi.

Après le 21 janvier 1793, André se réfugia à Versailles, protégé peut-être par le nom de Marie-Joseph Chénier, représentant de Seine-et-Oise. Il y habita une petite maison située à l’extrémité de la rue de Satory et qui porte le no 69[1]. Il y passa l’année 1793 dans le silence et dans l’étude. Il venait rarement à Paris, allait quelquefois à Luciennes, chez Mme Pourrat qui y demeurait avec ses deux filles, Mme Hocquart

  1. Voyez l’Histoire des rues de Versailles, et de ses places et avenues, par M. J.-A. Le Roy, deuxième édition. Versailles, A. Montalant, 1861, 1 vol. in-8, p. 417.