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XXXIX[1]


À compter nos brebis je remplace ma mère ;
Dans nos riches enclos j’accompagne mon père,
J’y travaille avec lui. C’est moi de qui la main,
Au retour de l’été, fait résonner l’airain
Pour arrêter bientôt d’une ruche troublée,
Avec ses jeunes rois la jeunesse envolée.
Une ruche nouvelle à ces peuples nouveaux
Est ouverte ; et l’essaim, conduit dans les rameaux
Qu’un olivier voisin présente à son passage,
Pend en grappe bruyante à son amer feuillage[2].



XL[3]

LES COLOMBES

Deux belles s’étaient baisées… Le poëte-berger, témoin jaloux de leurs caresses, chante ainsi :


« Que les deux beaux oiseaux, les colombes fidèles,
Se baisent. Pour s’aimer les dieux les firent belles.
Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat.
Leur voix est pure et tendre, et leur âme innocente.
Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante.
L’une a dit à sa sœur : « Ma sœur, . . . . . . . .

  1. revue de Paris, 1830.
  2. Le manuscrit indique que ces vers devaient être mis dans la bouche d’un garçon de douze ans.
  3. Vers, édition 1833. Prose, notice Sainte-Beuve, 1839. — Le titre les Colombes a été ajouté par le premier éditeur.