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Ne te souvient-il plus que les bois de Célène
Virent punir jadis une audace aussi vaine ?
Si Marsyas aussi n’eût bravé ses vainqueurs
Ni son père Hyagnis, ni les nymphes ses sœurs,
Olympe son ami, les satyres ses frères,
N’auraient pleuré des dieux les victoires sévères,
Et ne l’auraient point vu, ceint d’humides roseaux,
Errer dans la Phrygie en transparentes eaux[1].






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Soit que son souffle anime un simple chalumeau,
Ou qu’il fasse courir sa lèvre harmonieuse
Sur neuf roseaux que joint la cire industrieuse,
Soit quand la flûte droite où voltigent ses doigts
Vient puiser dans sa bouche une facile voix,
Ou quand il fait parler, sur ses lèvres pressée,
La flûte oblique, chère aux grottes du Lycée[2].

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Syrinx, que tes roseaux, à mordre insidieux,
Gardent bien d’outrager ses doigts industrieux.

  1. Célène, ville de Phrygie. Insignes satyro pendente Celœnœ. Stat. lib. 4.

    La flûte, invention phrygienne, fut attribuée à Minerve, Hyagnis, Marsias, Olympe, etc. Voyez Spanheim sur Callimaque, et Casaubon sur Athénée, libr. XIV, c. 2. Les autres vers sont imités d’Ovide, lib. VI (Métamorphoses), et d’Antipater, épigr. XXIX, Analecta, vol. II, page 116. (Note d’André Chénier.)

  2. Σῦριγξ, fistula, la flûte à neuf roseaux. Αὐλός, flûte droite hautbois, clarinette, etc. Invention de Minerve selon quelques-uns ; δόναξ, roseau, simple chalumeau. Πλαγίαυλος, flûte oblique, invention de Pan. (Note d’André Chénier.)