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Brunck (le savant éditeur des Analecta), Malesherbes, le chevalier de La Luzerne, le poète polonais Niemcewicz, Grimod de La Reynière, etc.

Il partit pour la Suisse et pour l’Italie avec les frères Trudaine. Ils devaient aller en Grèce, en Orient ; on devait rester deux ans absent, mais au bout d’une année, vers la fin de 1784 ou dans les premiers mois de 1785, on revint sans avoir dépassé les frontières italiennes.

Les années 1785, 1786, 1787 furent des années d’étude et de production poétique, de plaisirs aussi. Il dit dans un de ses ouvrages en prose où il traite de la perfection et de la décadence des lettres : « Choqué de voir les lettres si prosternées et le genre humain ne pas songer à relever sa tête, je me livrai souvent aux distractions et aux égarements d’une jeunesse forte et fougueuse ; mais toujours dominé par l’amour de la poésie, des lettres et de l’étude, souvent chagrin et découragé par la fortune et par moi-même, toujours soutenu par mes amis, je sentis au moins dans moi que mes vers et ma prose, goûtés ou non, seraient mis au rang du petit nombre d’ouvrages qu’aucune bassesse n’a flétris. »

Parmi les monuments de ces années heureuses pour le poète, M. Gabriel de Chénier cite quelques vers espagnols du chevalier de Florian, au bas desquels André a écrit : « Ces vers du chevalier de Florian m’ont été donnés par lui, hier mardi, 7 février 1786, après dîner chez le marquis de Moriolles. »

Il donne aussi un fragment de poésie française adressée à miss Cosway par le poète polonais Niem-