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Sur le coing parfumé le doux printemps colore
Une molle toison intacte et vierge encore.
La grenade entr’ouverte au fond de ses réseaux
Nous laisse voir l’éclat de ses rubis nouveaux.
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IX[1]

BACCHUS


IMITÉ D’OVIDE (Métamorphoses).


Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée,
Ô Dyonise, Évan, Iacchus et Lénée ;
Viens, tel que tu parus aux déserts de Naxos,
Quand tu vins rassurer la fille de Minos.
Le superbe dépliant, en proie à ta victoire,
Avait de ses débris formé ton char d’ivoire.
De pampres, de raisins mollement enchaîné,
Le tigre aux larges flancs de taches sillonné,
Et le lynx étoile, la panthère sauvage,
Promenaient avec toi ta cour sur ce rivage.
L’or reluisait partout aux axes de tes chars.
Les Ménades couraient en longs cheveux épars
Et chantaient Évoë, Bacchus et Thyonée,
Et Dyonise, Évan, Lacchus et Lénée,
Et tout ce que pour toi la Grèce eut de beaux noms.
Et la voix des rochers répétait leurs chansons.
Et le rauque tambour, les sonores cymbales,
Les hautbois tortueux, et les doubles crotales

  1. Éditions 1819.