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Sans répondre à la voix des époux mugissants,
Elle se mêle aux jeux de ses frères naissants.
Le fruit encore vert, la vigne encore acide
Tentent de ton palais l’inquiétude avide.
Va, l’automne bientôt succédant à des fleurs,
Saura mûrir pour toi leurs mielleuses liqueurs
Tu la verras bientôt, lascive et caressante,
Tourner vers les baisers sa tête languissante.
Attends. Le jeune épi n’est point couronné d’or ;
Le sang du doux mûrier ne jaillit point encor ;
La fleur n’a point percé sa tunique sauvage ;
Le jeune oiseau n’a point encore de plumage.
Qui prévient le moment l’empêche d’arriver.

Arcas.

Qui le laisse échapper ne peut le retrouver.
Les fleurs ne sont pas tout ! le verger vient d’éclore,
Et l’automne a tenu les promesses de Flore.
Le fruit est mûr, et garde en sa douce âpreté
D’un fruit à peine mûr l’aimable crudité.
L’oiseau d’un doux plumage enveloppe son aile.
Du milieu des bourgeons le feuillage étincelle.
La rose et Damalis de leur jeune prison
Ont ensemble percé la jalouse cloison.
Effrayée et confuse, et versant quelques larmes,
Sa mère en souriant a calmé ses alarmes.
L’hyménée a souri quand il a vu son sein
Pouvoir bientôt remplir une amoureuse main.

    cédents éditeurs ont substitué à ces lettres, tantôt Arcas et Palémon, tantôt Arcas et Bacchylis. — Nous adoptons les deux noms sous lesquels la pièce est le plus anciennement connue.