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aux-quelles toutes ces règles de conduite s’appliquent naturellement.

Ainsi voyons quels pas notre raison nationale a faits vers ce modèle que nous devons nous proposer. Voyons en quoi elle s’est éclairée, affermie, agrandie ; voyons de quoi nous a servi l’expérience d’une année, et d’une année si fertile en événements. Que si l’on m’objecte encore que ce ne sera pas là un juste pronostic de l’ avenir, parce qu’on a fait naître autour de nous trop de tumultes et d’agitations pour que nous ayons pu avancer vers cette perfection sociale : j’en conviendrai ; et cela même servira à montrer combien ces tumultes et ces agitations inutiles nous ont été préjudiciables ; et que par conséquent nous n’avancerons pas davantage à l’ avenir, si nous ne prévenons pas les mêmes troubles. En effet, comme l’année dernière, nous n’écoutons que nos caprices du moment ; comme l’année dernière, nous oublions aujourd’hui la loi que nous avons faite hier. Nous poursuivons cette année les vendeurs d’argent comme les vendeurs de blé l’année dernière ; comme l’année dernière, une partie du peuple se porte à des violences contre les grands d’autrefois ; ils semblent croire que la liberté leur donne le droit d’opprimer ceux qui les opprimaient jadis, et que la verge de fer n’a fait que changer de main ; comme l’année dernière nous parlons de fermer nos portes, de retenir les gens par force ; comme l’année dernière, des personnes à qui il plaît d’aller voyager, et qui ont le droit de faire en Cela ce qui leur plaît, sont, au mépris des décrets de l’Assemblée nationale et des droits de l’homme, au mépris du sens commun, arrêt