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que tous les bons citoyens auraient voulu leur épargner, mais que nos inévitables circonstances leur ont fait partager avec tous les citoyens ; qui ose imputer à toute la nation les crimes de quelques bandits que la nation abhorre et désavoue : il faut qu’on sache comment il a, lui, traité le roi d’Angleterre dans une occasion récente.

Le roi d’Angleterre, à la fin de 1788, fut attaqué d’une maladie affligeante pour l’orgueil de l’espèce humaine, qui mit pour quelque temps sa tête hors d’état de soutenir une couronne. Une partie de la chambre des communes pensa qu’il fallait revêtir le prince de Galles de l’autorité royale, avec le titre de régent. Edmund Burke était de cette opinion. Dans son discours, il n’eut pas honte de s’appesantir, avec son acrimonie ordinaire, sur triste état du roi ; il n’eut pas honte de peindre et bien faire ressortir les déplorables symptômes d’une infirmité qui inspire ; même aux ennemis honnêtes, une respectueuse commisération ; il n’eut pas honte de terminer son tableau par ces propres expressions, qui rappelèrent celles que Milton emploie en parlant de la chute de Satan : Dieu u étendu sa main sur lui ; il l’a précipité du trône ; il l’a réduit plus bas que le dernier paysan de son royaume.

Cette ineptie, qui renfermait deux inhumanités à la fois, indigna tous les partis : ses amis se vi