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si ce livre est apocryphe ou non, tant il apporte de prudence et de circonspection dans sa critique.

C’est ainsi, j’en atteste tous ceux qui ont eu la patience de lire son indigeste fatras, c’est ainsi qu’il raisonné, argumente, juge, constamment et partout toujours sûr de lui-même, toujours triomphant, toujours émerveillé de la beauté de ses conceptions. Voilà à quel tribunal la France est citée, voilà quel grotesque mélange de bizarreries bouffonnes et de sottises pédantesques remplit un énorme volume, qui serait assez divertissant par le ridicule, si, à tout moment, la plate grossièreté des injures, ou l’atrocité des calomnies ne soulevaient la nausée ou n’allumaient l’indignation.

Quel moyen de répondre à un semblable écrit ? quel honnête homme peut vouloir se mesurer avec un auteur toujours ivre de mauvais sens et de colère, dont chaque page ne montre qu’incertitude et absurdité dans les principes, aveuglement ou honteuse mauvaise foi dans les raisonnements, intrépide ignorance dans les faits, dont chaque assertion n’admet d’autre réponse qu’un démenti ? Mais je ne crois pas inutile de faire connaître aux Français, par un fait qui ne sera pas, comme ceux qu’il raconte, méchamment inventé ou follement exagéré, mais par un fait bien constant et bien notoire, quel est ce déclamateur qui s’érige en arbitre de leurs lois et de leurs actions. Cet homme qui vient ici calomnier auprès du roi et de la reine une nation mieux disposée à les respecter depuis qu’elle n’est plus contrainte à les aduler, qui cherche à envenimer dans leurs cœurs le souvenir des peines