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suffit de quelques minutes de conversation avec les prôneurs de ces nobles ouvrages, pour apercevoir qu’ils les vantent, les achètent, se les passent de main en main, nous en menacent comme d’un coup de tonnerre, mais n’ont pas pu en soutenir la lecture, et sont pris au dépourvu quand on les leur cite.

Entre mille exemples, on peut rappeler deux épaisses brochures qui nous sont arrivées d’Angleterre l’année dernière : l’une, absolument vide de sens, quoique dictée par une méchanceté turbulente et inquiète, est morte en naissant ; l’autre, tout aussi-peu lue, est encore connue, parce qu’elle est l’ouvrage d’un étranger, qui, ne s’occupant de nous qu’afin de nous poursuivre par des présages sinistres, a surpassé dans la violence et la rage de ses imprécations tous ceux de nos Français que leurs intérêts privés ont le plus animés contre nos institutions nouvelles. Comme l’auteur jouit dans sa patrie d’une certaine célébrité, comme son livre était depuis long-temps annoncé avec faste par ceux dont il flatte les passions ; et comme ses sentiments sur. notre révolution, manifestés dans le parlement d’Angleterre au commencement de l’année dernière, furent la cause d’une dissension très-vive entre lui et un de ses amis politiques des plus distingués,