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apostrophes des Cyrille et des Grégoire de Naziance, qui veulent mourir pour la foi, qui implorent le martyre, qui sont-ils ? Tout le monde le sait : des prélats perdus de luxe et de dettes ; souvent héros d’histoire qu’on feignait de ne dire qu’à l’oreille ; souvent livrés aux plus vils charlatans, et à de sottes superstitions que leur propre loi punissait de mort ; des abbés dont les bons-mots anti-religieux, et les chansons, et les contés égayaient les sociétés de la capitale ; en un mot, des hommes sans vertu comme sans talens, et dont l’existence ne fût jamais sortie d’une obscurité profonde, si les intrigues de toute espèce, et les noms des courtisanes, toujours cités dans les grandes villes, et toujours mêlés avec les leurs, ne leur eussent donné souvent une scandaleuse célébrité.

Tout cela fait-il quelque chose à leurs raisonnements ? me dira quelqu’un. Non. Leurs raisonnements étaient assez mauvais sans cela. Mais cela sert à faire voir quel degré de confiance et d’estime on doit à des hommes, qui changeant tous les jours de principes, et d’intérêts, et d’amis, et de conscience, se montrent également indignes et incapables de rien discuter par la raison.

J’aurais voulu trouver l’occasion de dire aussi un mot de ces politiques illuminés, de ces rose-croix patriotes, qui, suivant l’éternel usage de leurs pareils, adaptant toujours aux idées de leur siècle tous ces amas d’antiques superstitions qui ont toujours infesté la