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pour renouer la vieille ligue de la tyrannie et de la superstition, ceux pestes souvent rivales lorsqu’elles n’ont plus rien à redouter, mais toujours unies lorsqu’il s’agit de combattre la raison ; des personnages usés de vices et de débauches, criant qu’il n’y a plus de religion. Et toujours l’intérêt du peuple mis en avant ; car quelle sorte d’hypocrites n’emploie point ce langage de l’équité et de la vertu ? On en a vu plusieurs, après s’être engraissés vingt années du pillage du trésor public, poussés hors de leur patrie par la crainte, à l’époque de la révolution, s’attendrir en partant sur ce peuple infortuné qui méconnaissait leurs services, t’assurer naïvement qu’il ne restait plus d’honnêtes gens en France. Je n’ai pas besoin de redire combien je désapprouve les violences illégal es exercées contre les chefs de ce parti ; mais quand je les entends se plaindre aussi avec amertume des précautions qu’emploie l’Assemblée nationale pour les empêcher de lui nuire et de renverser l’édifice publie, je ne reviens pas de mon étonnement : qu’ils me disent quel État a jamais toléré des actes de rébellion ouverte et déclarée ? qu’ils me disent quel gouvernement serait plus méprisable que le nôtre, s’il trouvait bon que, de tous côtés, des sermons, des mandements, des lettres pastorales, des réquisitoires, des déclamations sous toutes les formes, aillent semer le mensonge et la crainte, alarmer les consciences, inspirer la haine de la patrie et des lois, enseigner aux hommes simples et honnêtes (car il y en a dans ce parti-là comme dans les autres) à croire en effet qu’une constitution qui assure les droits de