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qu’après ce 14 juillet, et tant d’autres beaux jours que l’Assemblée nationale a donnés au peuple français, le plus beau jour qui lui reste à nous donner sera celui de son départ.

Comme je n’ai jusqu’ici parlé que des excès d’un seul parti, on pourra m’accuser moi-même de et esprit de parti que j’ai pris à tâche de peindre : qu’on observe toutefois que celui dont j’ai parlé jusqu’à ce moment, étant de beaucoup le parti le plus fort, il est dans la nature des choses que ses erreurs soient plus nombreuses, ses injustices plus frappantes, ses égarements plus dangereux pour la bonne cause ; mais certes, les fureurs et les extravagances de leurs adversaires ne sont pas moindres. Et, en effet, des hommes ennemis déclarés de cette véritable humanité qui veut que tous les hommes soient heureux et libres, des hommes que le nom seul d’égalité met en fureur, qui regardent l’espèce humaine comme un amas de vils troupeaux, créés pour appartenir à un petit nombre de maîtres ; qui regardent la royauté comme une sorte de quatrième personne en Dieu, devant qui il faut se prosterner sans même oser ouvrir les yeux ; en un mot, qui ont adopté, rhabillé. toutes les maximes des tyrans, que pourraient-ils être que des tyrans, s’ils avaient le pouvoir entre les mains ?

Ainsi, nous voyons les antiques fléaux se renouveler de nos jours : lés peuples crédules, soulevés au nom de Dieu pour protéger la rapacité de quelques hommes