besoin de mes avis, et que ceux pour qui ce que je dirais serait entièrement nouveau, sont bien loin de cet état de paix et de méditation ça l’âme est disposée à revenir de ses erreurs : le temps seul pourra les instruire.
Aussi, lorsqu’au mois d’août de l’année dernière j’ai publié mes pensées à ce sujet dans un Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, je n’en ai pas attendu de bien grands effets. Je n’en attends pas davantage de ce que je publie aujourd’hui : je sais trop que, dans le fort des tempêtes civiles, la raison sévère et calme a une voix trop faible pour lutter contre les cris de ceux qui, toujours prompts à servir, à exciter les passions populaires, toujours exagérant le danger commun, et leurs propres inquiétudes, et leurs sacrifices au bien publie ; accusant au hasard les hommes riches et puissants, qui sont toujours enviés, finissent par régner sur une multitude égarée. Mais n’est-ce pas un noble et vertueux plaisir pour l’homme de bien, de poursuivre par des vérités mâles et courageuses le triomphe de ces conquérants iniques ; de justifier leur conscience, en leur apprenant tout le mépris qu’on a pour eux ; de braver enfin, avec quelque danger peut-être, ceux qui peuvent braver impunément la justice et l’honnêteté.
Je ne veux point qu’aucun de mes écrits serve jamais à amuser la malignité des lecteurs oisifs, toujours avides spectateurs des combats de plume. C’est pour cette raison. que je m’abstiens de nommer les personnes qui m’ont fait naître ces réflexions, et non par aucun désir de les ménager ; car je déclare ici à quiconque se