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noms de liberté, d’égalité, de bien public, d’amour de la patrie, et de tout ce qu’il y a de sacré pour les ames honnêtes, afin d’en couvrir leurs projets, leurs vengeances, leurs fureurs ; et c’est ainsi qu’ils se revêtent d’une autorité censoriale, qu’ils distribuent des, brevets de civisme : quiconque ne s’enrôle pas avec eux, et n’admire pas leur turbulente loquacité, et ne brûle pas de l’encens sur leur autel, est déclaré par eux ennemi de l’État et de la constitution. Comme des prêtres, dans tous les pays, ont dit, disent et diront, que vouloir les soumettre aux lois, réduire leur opulence usurpée, mépriser leurs fables corruptrices et leur sévérité intéressée, ou leur indulgence vénale, c’est attaquer le ciel même, c’est être ennemi de Dieu et de la vertu.

Comme je n’ai ni le loisir, ni la volonté de faire un livre, et que je me borne à jeter à la hâte quelques rés- flexions que je crois justes, je ne m’arrêterai pas ici à marquer les différences faciles à saisir entre ces tartufes politiques et les vrais amis de la patrie, de la liberté, du genre humain. Je ne pourrais guère rien ajouter sur cette matière à ce qui a été développé avec une force et une maturité peu communes, dans une lettre a un membre célèbre de l’Assemblée nationale, par un auteur à qui je regrette que l’immense multitude de ses travaux n’ait pas toujours laissé le temps d’exprimer aussi dignement d’aussi saines réflexions.

Je crois d’ailleurs que ceux qui m’entendraient et m’applaudiraient n’ont pas