là dans la plus profonde léthargie ? Y a-t-il maintenant assez de lois faites pour que tous les citoyens connaissent bien leur état et leur devoir ? oui. Y a-t-il des tribunaux ? oui. Y a-t-il des administrateurs ? oui. Y a-t-il une force publique suffisante pour faire exécuter la loi quand on le voudra réellement ? oui. Qu’y aura-t-il donc de plus, quand on nous dira que la révolution est finie, et que le règne des lois a commencé ? Certes, au moment où toutes ces institutions nouvelles entrent en activité, s’écrier ainsi qu’elles n’existent même pas, n’est propre qu’à les étouffer dès leur naissance, â les rendre méprisables aux yeux des faibles et des ignorants qui croiront que nos lois ne sont que des jeux, et nos magistrats de vains fantômes. Et tout justifier sans cesse en répétant que c’est la faute du moment, n’est que le vrai moyen d’éterniser ce moment.
C’est ici le lieu de se souvenir de quelques personnages, qui, voilant leur ambition ou leur triste insensibilité sous une affectation de patriotisme stoïques, déclarent abhorrer ces mots d’ordre, d’union et de paix ; car, disent-ils, c’est le langage des hypocrites. Ils ont raison, il est vrai, ces mots sont dans la bouche des hypocrites ; et ils doivent y être, car ils sont dans celle de tous les gens de .bien ; et l’hypocrisie ne serait plus dangereuse, et ne mériterait pas son nom, si elle n’avait l’art de ne répéter que les paroles qu’elle a entendu sortir des lèvres de la vertu ; et certes, tant de fougueux démagogues, tant de héros d’un jour seraient bientôt démasqués, s’ils n’avaient pas cet art insidieux, s’ils ne s’emparaient pas de ces