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sans injure, quelqu’un prenne la plume et me réfute ; mas jusque-là, qu’il nie soit permis d’attester hautement les bons esprits de tous les temps et de tous les pays éclairés, et de les sommer de me dire si ce n’est point là la doctrine qu’ils professent tous ; si dans ce cercle ne sont point renfermés tous les devoirs de l’homme citoyen ; s’il est d’autre avis que l’on doive donner aux hommes pour qu’ils soient libres et justes ; s’il est d’autres notions dont les amis du peuple français doivent remplir ses oreilles, son cœur, sa pensée, sa mémoire, pour établir sa félicité sur des principes solides et immuables. Et plût au ciel que tous les vrais citoyens, tous les vrais patriotes, tous les vrais Français, épouvantés des hasards qui nous menacent, stimulés par une crainte réellement fondée, se tinssent tous par la main, et fissent tous ensemble, je dirais presqu’un vertueux complot, une conspiration patriotique pour répandre cette doctrine salutaire et dissoudre cette redoutable ligue des ennemis de la paix, de l’ordre, du bonheur public ! Qu’ils tinssent les yeux ouverts sur toutes ses démarches ; qu’aucun de ses mouvements ne leur échappât ; et que, non contents de l’emporter par la droiture des intentions ou par celle du jugement, ils apprissent encore â lutter de force et d’adresse contre ces dangereux adversaires.

Mais il est bien vrai que, dans les combats de cette espèce, les hommes qui, sous un masque imposant de rigidité patriotique, ne veulent qu’asservir les suffrages, maîtriser les jugements et égarer les opinions de leurs contemporains, ont et doivent naturellement avoir